Registre des délibérations de la vallée du Queyras, reçues par-devant Mathieu Humbert, capitaine et châtelain de la vallée, et rédigées par Jean Dalmas, not. Royal d'Arvieux, secrétaire.
1629. (En tête) : « Soit mémoyre que le Roy Loys, 13e de ce nom, à présent régnant, auquel Dieu donne longue et heureuse vie, a passé à Ambrun et Briançon, à la fin du mois de febvrier, en la présante année, avec une grande armée, pour aller en Ytalie, et a prins Suze par force, ayant forcé les barricardes (sic) de Son Altesse de Savoye le mardy sixiesme mars » [Publié dans Annales des Alpes , XIV, 1910-11, p. 36-37]. — 11 février, au Château-Queyras. Le sr de Colizieux, gouverneur de la vallée, demande, par lettre du 1er févr., l'état exact des mulets de la vallée qui pourraient transporter les vivres et munitions de l'armée, de Saint-Martin-de-Queyrières à Sézanne, et à quel prix par quintal. « Il y a peu ou poinct de mulletz qui puissent porter 300 1. Et, quand à la fourniture de chairs de veau, mouton et bœuf, il n'y a en ceste vallée que du beztailh fort maigre, pour avoir les fourrages ezté consumés pour la plus grande partie par l'armée de Son Altesse de Mantoue ; joinct que lade armée a aussy consumé la plus grande partie du beztailh, et le reste desrobé, n'y ayant à présent en ceste vallée que quelques brebis fort maigres et quelques vaches pour le labourage, qui meurent la pluspart faulte de fourrage ». — 23 février « Ordre du Roy » aux habitants du Briançonnais « de fournir autant de beztes de voyture que faire se pourra pour le charroy des munitions de l'armée de S. M., signifié parle cape Corimaret, sr de La Varenne, exempt des gardes du Roy, du jour d'hier ». La vallée fournira 50 mulets sur les 100 demandés, et les hommes nécessaires pour les conduire. Jean Albert, not. D'Arvieux, ira « à Gap, Ambrun ou aultre lieu où sera S. M. » pour obtenir le soulagement de la vallée. — 24 février Franç. Berthelot est adjoint aud. Jean Albert, et Mathieu Faure, de Molines, est chargé de suivre les mulets et d'en retirer le payement [En marge : « Led. Faure a demeuré septante jours à fère la présente vacation »]. Lecture de l'ordre du Roi, enjoignant à ses sujets qui sont dans les états du duc de Savoie « de se retirer dans le Royaulme dans la fin du présent mois ». Ordre par Créqui de « fournir au sr Jean Charboneau, munitionnaire, et en l'estappe de Guillestre une charge d'avoine ».
1629, 3 mars. Colizieux, gouverneur de la vallée, présente un ordre de S. M., « donné à Oulx, le 1er de mois », prescrivant aux habitants du Queyras de fournir 200 mulets, « pour porter le bled et le pain nécessaire pour la nourriture de l'armée ». Injonction semblable aux habitants des bailliages de l'Embrunais et du Briançonnais. Jacq. Meyer cessera de faire « la garde establie à La Chappellue pour la santé, pour n'y estre nécessaire ». — 6 mars. Répartition des mulets pour l'armée entre les communautés du Queyras [Le châtetain, qui les accompagne pendant 53 jours, rend compte de sa mission le 15 juin 1629]. — 14 mars. Franç. Berthelot et Jean Dalmas sont envoyés « à Chaumont ou aultre part où sera S. M. », pour lui exposer « les charges que la présente vallée a supporté, tant au passage de l'armée du marquiz d'Uxelles, que sommes de deniers payés par ordre de Mgr le Mareschal et de Mgr le comte de Sault », et l'impossibilité de contribuer à la nourriture de l'armée royale. Le gouverneur réclame la construction d'une palissade à l'entrée du village du Château, avec porte fermant à clé, afin de savoir qui sort de la vallée et qui y entre. On achettera à Cerviéres deux quintaux de fromage, « des meilheurs qu'on pourra trouver », afin de les donner aud. Gouverneur, pour les faire porter à Suse « pour en faire à son plaisir ». — 18 mars. Écrire à Franç. Berthelot et Jean Dalmas, « comis par devers S. M. à Suze ou Chomontz », afin de les presser de s'occuper des affaires de la vallée. Chaffrey Jouve, not., exigera le prix de l'avoine fournie par la vallée à l'étape de Guillestre.
1629, 4 avril. La vallée du Queyras « est donnée en ayde aux lieux de Guilheztre et Saint-Crespin, où l'estappe est eztablie pour le retour de l'armée ». Le pain à fournir à vingt mille hommes de pied est de 24 onces par ration, soit 300 quintaux, et pour 38. Cornettes de cavalerie, chaque compe « prenant pour 72 payes, à 3 livres pour paye », soit 8.208 1. ou 82 quintaux 81., « et outant de chair » ; plus 20 livres de foin par cheval, à raison de 10 chevaux par compe, pour 22 régts, 440 quintaux, etc., le tout à répartir sur les 51 feux 1/2 de la vallée. — 10 avril. David Puy, not. De Ville-Vieille, et Chaffrey Jouve, not. D'Aiguilles, sont chargés d'aller, à Guillestre et à Saint-Crépin, régler les comptes de la fourniture faite « pour le retour de l'armée ». — 11 avril. Jean Berton, syndic de Boby, apporte un avis des gouverneurs de Mirebouc et de Pincrol) , suivant lequel le commerce avec le Piémont est libre. — Les consuls assurent que les fournitures à faire à Guillestre et à Saint-Crépin pour le retour de l'armée sont prêtes et seront faites à temps. Colisieux, « gentilhomme ordinaire de la chambre du Roy », gouverneur du Queyras, réclame des secours pour les mendiants et nécessiteux de la vallée. On leur donnera à chacun une livre de pain par jour, « pour les empêcher d'aller mendier de porte en porte et garentir de la maladie, jusques après la récolte des prochaines moyssons ». Défense d'exporter les grains. Taux des grains : le setier, mesure du Queyras : de froment, 4 1.4s. ; de seigle, 3 1. 12 ; d'orge, 2 1. 8. Taux du pain : blanc, 16 deniers la livre ; de seigle, 1 s. 3 den. Des visites domiciliaires auront lieu, afin de recherche les grains disponibles. — 29 avril. Le consul de Guillestre « donne advis de la venue du Roy et retour de l'armée ».
1629, 16 mai. Les mulets du Queyras fournis au sr de La Croix ont transporté 500 quintaux de munitions d'Embrun à Briançon, « à un ducaton pour charge, la charge de 300 livres ». — 22 mai. La compe de chevau-légers du maréchal de Créqui, logée à Cervières, a reçu l'ordre d'aller loger en Queyras. Le sr de Ventavon, moyennant 200 1., consent à l'envoyer ailleurs. — 24 mai. Ordre par led. Maréchal de Créqui « de tenir 500 hommes preztz, avec arquebuzes ou mousquetz, pour garder les passages de ceste vallée » (Suse, 21 mai). Le dimanche suivant, « à l'yssue du service divin », avis aux habitants d'avoir « à desroulher leurs armes et icelles préparer pour, au premier jour, faire la revue généralle ». — 2 juin. Présent de 1.000 1. au gouverneur de la vallée, « avec prière de veilher pour leur conservation en toutes occasions ». — 8 juin. Le sr d'Aspres, cornette du maréchal de Créqui, demande un supplément de 20 liv. De foin pour chaque cheval logé en Queyras. — 12 juin. Compte avec les srs d'Aspres et de Moustiers, maréchal de logis, pour les chevaux de leur comp ; total, 351 écus 10 s. Pouvoir à Chaffrey Jouve, not. D'Aiguilles, et Jean Dalmas, not. D'Arvieux, pour aller suivre en Bourgogne le procès contre le chan. Salva. — 15 juin. Allocations diverses à Jean Albert et Franç. Berthelot, pour leur voyage à Suse et à Turin, afin d'obtenir le déchargement de la compe du maréchal de Créqui, 80 écus 7 s. ; à Jean Brun, pour le « cléda) faict à l'entrée » du Château-Queyras, 2 é. etc. Total, 299 é. 3. Répartition de cette somme. — 21 juin. Ordre par le maréchal de Créqui de mettre sur pied 109 hommes, de les envoyer à Oulx et de les entretenir pendant six semaines.
1629, 4 et 5 juillet Compte des fournitures en avoine, foin, viande, etc. Faites au retour de l'armée revenant d'Italie. Le châtelain du Queyras a reçu pour « la conduite des mulletz », du sr Le Clerc, 2.122 1., et du sr Paléologo, 1.412 1. et autres sommes. — 25 juillet Compte avec Honoré Bellon, procureur héréditaire au bailliage de Briançon, réglé à la somme de 939 1. 15 s. — 9 août. Par ordre du maréchal de Créqui, la vallée a dû envoyer à Chaumont « dix douzegnes linceulx ou draps ». D'après le « mandat de M. de Savine, commis du Païs », elle doit à l'étape de Guillestre 144 1. 18 s. « pour le retour de l'armée ». Franç. Mathieu, fils de Jean, de Saint-Véran, « faira la garde à La Chappellue pour un moys à l'advenir, pour la santé », moyennant 5 écus, et David Dalmas, fils de feu Ant., de Brunissard, en fera autant à Arvieux. — 6 septembre Ordre de Colisieux, gouverneur en Queyras, de « fournir 12 hommes pour la garde du Château » et les nourrir. — 8 septembre Id. Du maréchal de Créqui « de tenir cent hommes preztz bien armés », pour servir sous « la conduyte de M. d'Ayguebonne, gouverneur de Briançon », et de faire « porter les bledz nécessaires pour leur nourriture, pour six personnes, au lieu d'Oulx », à raison « d'une livre et demye pain par jour pour homme ». — 21 septembre Jean Faure, not. De Molines, est commis pour se rendre à Gap à l'assemblée des trois bailliages. Présent de 25 écus à « M. Videl, secrétaire de Mgr le duc de Créquy », afin d'obtenir « le soulagement de cette vallée », et de 2 pistoles au sergent Marcellin Chalvet. Ordre par le gouverneur du château de fournir 80 toises de mélèze, « pour faire les planchers et arches pour le magazin des grains » Les consuls du Château-Queyras s'obligent à fournir lesd. Planches et à les porter « dans la forteresse pour le pris de 48 solz le fil ». Imposition de 267 1. 13 s. 1/2, pour l'entretien de la compe de « chevaulx légers de Mgr le duc de Créquy, logée à Upais », réclamés par Ant. David, bourgeois d'Embrun, commis à la recette des denrées de lade compe. — 25 septembre Il y a à Briançon « quelque doubte et dangier de contagion ». David Dalmas est confirmé « à la garde de la santé à Brunissard ». Deux hommes seront placés « en Péas) ,... Jusques a ce que on aye des plus amples nouvelles ». Les consuls de Molines feront faire « la garde à Seilhac » et ceux de Saint-Véran, « à La Chappellue, lesquelz fairont des bilhettes à ceux qui yront du cousté de Guilhestre et Ambrun, et vériffieront les bilhettes de ceux qui vouldront entrer dans la présente vallée, empêcheront l'entrée de toute sorte de marchandises, et les marchandz [qui] n'ont bilhette de Gap, Ambrun et Guilheztre ». Sur « l'advis que la compagnie a heu du danger de contagion à Briançon, on a deffendu toute sorte de commerce et fréquentation entre les habitantz de la présente vallée et le reste du bailliage de Briançon, avec intention d'entretenir le commerce du cousté de l'Ambrunoys ». — 15 octobre Franç. Berthelot, consul d'Abriès, se rendra à Guillestre et à Embrun, pour savoir «comment on se doibt conduyre et procéder » au sujet des « bilhettes ». — 26 novembre Imposition de 95 écus 3 s. pour la compe du duc de Créqui logée à Upaix. — 27 décembre Compte de la dépense faite par lade compe, durant la présente année (1629), « durant 21 jours qu'elle a logée en ceste vallée » ; savoir : 585 quintaux 60 livres de foin, 378 setiers d'avoine ; 40 quintaux 32 livres de pain ; 20 q. 16 1. de viande ; 94 carteaux 8 pots de vin ; 203 écus pour ustenciles. Répartition de ces dépenses sur les communautés. Autres dépenses : « à l'estappe de Guilleztre, en mars dernier, par ordre du Roy », 762 émines d'avoine, etc. —Suivent diverses notes : « Queyras doibt : à l'eztappe de Guilheztre : pain, 88 quintalz 81 livres ; pain, autant ; foing, 42 quintalz 17 livres ; avoyne, 100 cestiers 1 eymine » ; à Sainct-Crespin, 503 quintalz 40 livres ; avoyne, 306 cestiers ; pain, 12 quintalz 75 livres ; chair, 17 quintalz 75 livres », etc.