Lettres adressées à l'évèque de Gap : par le chancelier d'Aguesseau : « Sur ce que vous m'avés mandé que les nouveaux convertis de votre diocèse ne gardoient plus de ménagement par rapport à la religion, j'en ay escrit à M. l'intendant. Il m'a fait réponse que, vous ayant demandé qui estoient ceux dont vous aviés sujet de vous plaindre, vous aviés souhaité qu'il vous escrivît, et qu'il vous a, en effet, escrit une lettre telle que vous la désiriés, pour intimider les plus coupables et tascher de les ramener à leur devoir avant que de les nommer. Je souhaite que le parti que votre modération et votre sagesse vous ont inspiré ait le succès que vous en attendés. Et si cette voye ne suffit pas, je concourray toujours très volontiers à tout ce qui vous paroistra nécessaire pour le bien de vostre diocèse ». Paris, 11 novembre 1721 ; — par Touche, curé d'Aspres[-sur- Buëch,] à propos du mariage clandestin d'Antoine Abonel, alias Aubanel, et Thérèse Tourrès, dud. Aspres : « Cette dernière est nouvelle catholique, mauvaise et masquée, autant que je le puis connoistre par sa manière de vivre. Si la loy civile porte que meretrici fides non adhibenda est , c'est à celle-cy que je puis adapter, sans crainte de me tromper, cette qualité, ayant son nom écrit dans un de mes registres en latin. Le certificat ci-joint du chastelain et des plus notables de ma paroisse prouve dans la vérité ce qu'il en est de cette pauvre créature ». Aspres, 27 janvier 1728 (avec la requête, l'ordonnance épiscopale et la réponse du curé d'Aspres, du 26 janv, 1728 : le vicaire de la Baume[-des-Arnauds], M. Meynier, par ses connaissances à Marseille, aurait pu avoir un certificat attestant que ladite Tourrès n'est pas, déjà, mariée à Marseille : elle n'a pas daigné l'en prier) ; — par Méyer, curé de Saint-Léger-en-Champsaur : « Je me trouve dans une scituation la plus triste du monde. Mlle de Beauregard, nouvelle convertie, fiança, il y aura bientôt trois mois, avec un nouveau converti, d'un ameau apellé Coignet, du diocèse de Grenoble. M. le curé publia ausytôt, contant, que ce mariage se béniroit pour lors ; quelques prières qu'on m'ait peu faire, j'ay résisté jusques à présent ; mais maintenant je suis vivement persécuté de le bénir. Je vois, d'un cotté, que vos ordonnanses, pour quy j'ay un profond respect, y sont très opposées. D'un autre, j'ay des grandes obligations à cette maison, encore plus à celle de M. Vial, qui s'intéresse pour eux, et qu'on va, à ce qu'on m'a dit, emploïer auprès de Votre Grandeur. Je suplye très humblement Votre Grandeur de m'accorder sur ce sujet quelque consolation, pour que je ne tombe pas [dans] la disgrâce de ces Messieurs, et que je puisse sauver ma consciance. Jusques à présent, je suis contant de Mlle de Beauregard ». Saint-Léger, 2 avril 1728 ; — par Tourniaire, curé archiprêtre de Corps, au sujet du mariage de Jacques Pellegrin, de Corps, avec Anne Seymat, du Forest-St-Julien-en-Champsaur, conclu à Genève, « au temple de Saint-Pierre », le 12 avril 1728, par-devant « spectable Gamaliel Vautier », et qui tous deux habitaient Corps (avec un certificat, suivant lequel lesd. Pellegrin et Seymat, sommés de se séparer, avaient refusé de le faire, se considérant comme « légitimement mariez, ainsi qu'un grand nombre d'autres, qui avoient esté épousez avec eux, et de la même manière qu'eux ». Présents : Joseph Martin du Lauzier, vicaire de Corps, Jean Barbe, consul, 22 avril 1728) : « Vous verrés par le certificat ci-joint les démarches que j'ay faites au sujet du prétandu mariage de Jacques Pélegrin, mon parroissien, avec Anne Seimat, du Forest de Saint-Julien, en Champsaur ; vous y verrés aussi la copie de la prétandue bénédiction de leur mariage, qui a été faite à Genève. Tout est ruiné, si pareils abus ne sont pas réprimés, et l'hérésie va lever la tête plus que jamais ! Que notre grand Dieu vous inspire ce qu'il y aura de plus efficace pour les réprimer. Ce sont les vœux de celui qui donneroist ( sic ) volontiers tout son sang pour le soutien de notre sainte religion ». Corps, 22 avril 1728 ; — par Barou, curé de La Charce, au sujet de David Reynaud, « qui est actuellement à la tour de Crest : ... Il est à craindre que David Reynaud, beau-fils de Berbeyer, quand il sera sorti de la Tour, ne soit toujours le même ou peut-être plus mauvais et que novissima sint pejora prioribus . Il serait bon, dès qu'il sera élargi, de le porter à une séparation d'avec sa femme, de corps et de biens,... et qu'il se retirâ dans un païs catholique, car autant vaudroit-il qu'il feût dans Genève qu'ici auprès de ses parens, outre le danger qu'il y a que le pauvre Berbeyer ne soit contraint et sa famille de quiter le pays », 24 juin 1728 ; — par le châtelain Boutin et Givaudan, consul de Rosans, qui n'avoient pas pu obtenir que la veuve d'Esprit Peyre et ses parents donnassent satisfaction pour avoir fait ensevelir led. Peyre, « sans la présence de M. le curé, ny d'autre prestre ». Rosans, 29 novembre ; — par l'archiprêtre Guibert, prieur-curé de Chanousse, au sujet de la sépulture susdite, qui eut lieu clandestinement, le dernier octobre précédent, « environ les 5 heures et demi du soir. M. le curé en étoit parti le jour précédent, pour accompagner son frère, le curé de Digne, jusqu'à Sorbiers, où il coucha... Esprit Peyre, qui est le nom du deffunt, avoit receu les sacrements, quelques jours avant sa mort, contre la volonté de sa femme et ses parents, qui sont nouveaux convertis... La veuve du défunct est appellée Elisabeth Gros. M. Boutin, châtelain du lieu, m'écrit qu'il a fait tout ce qu'il a pu pour porter la veuve et les autres à donner quelque chose à l'église pour l'expiation de leur faute, mais inutilement... Les officiers (de la communauté) et les autres nouveaux convertis ne sont point les amis du curé, et voudroint trouver l'occasion de lui faire de la peine ». Chanousse, 30 novembre 1728, etc.