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Estampes japonaises des Hautes-Alpes

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ADHA, Z La Mazelière, 1140/12

Courtisane devant le mont Fuji. Attribué à Toyokuni II (1777–1835). Non daté. Epoque d’Edo (1603-1868). Xylogravure sur papier (nishiki-e), 26 x 38,5 cm, format  ōban tateye. ADHA, Z La Mazelière, 1140/12

Cette femme, vêtue d’un superbe kimono, se tient debout, le corps tourné vers sa droite, les épaules de face et le visage de trois-quarts droit.

Son chignon est une construction extraordinaire de cheveux, peignes et piques de bois peint. On en trouve de semblables sur les estampes 24477/9, 1440/30, 1440/80 ou, du même Toyokuni II, 1440/61. Cet harnachement n’écarte pas une certaine sensualité : une petit mèche qui s’échappe devant l’oreille, le duvet relevé sur le front ou la nuque… Cette sensualité se retrouve dans le contraste entre un visage très lisse et la position de mains et des pieds. Les orteils sont recroquevillés, agrippés au rebord de la sandale, soigneusement dessinés. Les mains, ramenant le tissu sur son ventre, sont tordues, les doigts enchevêtrés, et les poignets tournés dans une position peu anatomique.

Le visage est conventionnel, long, clair, le nez très busqué. Les oreilles sont un peu basses, le regard curieusement asymétrique, le cou large, la bouche minuscule. Tous ces éléments sont habituels dans la représentation de la figure humaine de l’époque d’Edo. Et cela fonctionne…

Comme la coiffure, le kimono est extraordinaire. C’est une superposition de tissus aux motifs et couleurs tranchés. Les tissus sont épais, les plis nets ; seule l’étoffe rouge, aux chevilles, est finement plissée. Ces volumes et motifs continuent de nous surprendre et nous inspirer.

A l’arrière-plan, un paysage bleuté émerge d’un nuage épais, comme un décor. L’arrière-plan chez Toyokuni II est très rarement un paysage et, lorsque c’est le cas (1440/20), il est d’ordre théâtral. Cela reste un décor soigné, comme une estampe à part entière : les bandes blanches des nuages sur le ciel sombre, les herbes hautes et la figure du mont Fuji.

Cette femme est-elle une courtisane (bijin-ga, belle femme) ou une actrice de kabuki ? Il semble que ce soit plutôt une courtisane, en raison du soin particulier apporté à sa tenue et sa coiffure, et de la pause statique.

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