Saurez-vous reconnaître la célèbre fable de La Fontaine qui illustre cette fenêtre ?
En France, c’est l’ordonnance de Villers-Cotterêt, qui impose en 1539 le français comme langue officielle pour les actes de justice et d'état civil, à la place du latin. Et en 1992, au moment de ratifier le traité de Maastricht, fondateur de l’Union Européenne, la langue française est inscrite dans la Constitution comme étant la langue et l’un des emblèmes de la République française.
Pourtant, malgré une seule langue officielle, la France métropolitaine compte une trentaine de langues régionales. Elles sont le résultat de migrations, d’invasions ou de contact avec d’autres cultures. Des particularités linguistiques apparaissent alors en fonction de l’histoire d’une région, d’un département, d’un village.
Les parlers occitans qui caractérisent le sud de la France sont aujourd’hui rassemblés en six dialectes : le limousin, le gascon, l'auvergnat, le languedocien, le vivaro-alpin et le provençal. Les parlers des Hautes-Alpes sont rattachés au vivaro-alpin, aussi appelé vivaro-dauphinois ou gavot.
Ils varient en fonction du village dans lequel ils se sont développés. Dans le parler du Queyras, particulièrement à Aiguilles, le "a" final se prononce "o". Cela s'étend à la finale en "iá" devenant "ió", et également à la finale "an" prononcée "on". De plus, le "l" terminal est non vocalisé. Le parler "d'Agulhas" utilise les pronoms personnels sujets : a chantàvo, "je chantais".
Des arrangements en patois ont été composés sur certaines œuvres, dont on conserve quelques exemplaires dans notre bibliothèque. On retrouve notamment quatré fablés dé Jon Lafontaine arrangeas en patois d'Aguillés (quatre fables de Jean de La Fontaine, arrangées en patois d'Aiguilles) dans un livre sur le parler du Queyras, publié en 1907 par l'abbé Jean-Noé Guérin, surnommé Jon Bourboun de la Bélééro.
Aujourd’hui, certains mots de patois sont intégrés à notre langage, mais le parler en patois seul tend quant à lui à disparaitre : le vivaro-alpin est une langue classée « en danger ».
La salle de lecture et le service de recherche-numérisation sont maintenant fermés. Plus de renseignements en cliquant ici.
Illustration : 8° PIECE 11441 : Jean-Noé Guérin, Un libré en patois d'Aiguilles pre Jon Bourboun de la Bélééro (1856-1907), 1907. Vous pouvez consulter l’ouvrage au complet en cliquant ici.
Fable orginale : Jean de la Fontaine, Les Fables, « La Grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le Bœuf », 1668. Fable à retrouver sur le site de la Bibliothèque Nationale de France.
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La 42e station du Tōkaidō : matin clair d’hiver à Kameyama. Hiroshige (1797-1858). 1833-1834. De la série Les Cinquante-trois Stations du Tōkaidō. Epoque d’Edo (1603-1868). Xylogravure sur papier (nishiki-e), 35 x 22 cm, format ōban yokoye. ADHA, Z La Mazelière, 1140/10
Dans un paysage complètement recouvert par la neige, le cortège d'un daimyō (puissant gouverneur féodal) est en train de gravir les flancs escarpés de la montagne pour se rendre au château fort de Kameyama (en haut, à droite), bâti en son sommet. Ces figures apparaissent, mouvantes, incertaines, derrière les pins et les buissons couverts de neige. On sait qu'Hiroshige a visité ce lieu, mais c'était en été, par conséquent ce paysage a été créé a posteriori, à partir de ses souvenirs, de sa vision intérieure. C'est une forteresse militaire qui sert aussi de gîte pour les voyageurs. De nos jours, il ne reste que les ruines du donjon et un parc.
En contrebas, le village est blotti dans la vallée, entre les bambous : seuls les toits blancs sont esquissés. Il fait froid, le soir tombe et le dégradé rouge-jaune du ciel semble, au premier abord, la seule véritable couleur de cette estampe. Le noir et le blanc règnent en maître, mais rarement purs : la neige, blanc du papier, voit ses reliefs accentués par les dégradés de gris ; le noir est réservé aux contours, et c’est ce gris sombre très dense qui le remplace.
La construction de l’estampe est simple, mais efficace : une grande diagonale la coupe en deux ; la verticale de l’arbre, presque au centre, apporte du rythme, comme le fait le mât dans l’estampe 1440/5, représentant la station de Kuwana. L’économie de couleurs et la maîtrise de la composition en font l’une des estampes notables de la série Les Cinquante-trois Stations du Tōkaidō.
Cette image est intéressante pour expliquer la technique de l’estampe. En effet, elle présente certains défauts dans les contours à l’encre de Chine de la partie droite. Les contours des personnages ou de la neige sont décalés par rapport aux couleurs. Ainsi, pour cette estampe, sept planches de bois sont utilisées, chacune correspondant à une couleur : d’abord les contours noirs, puis le gris pâle dégradé, le jaune, le brun-orangé, le bleu de Prusse, le gris sombre, et le dégradé rouge. Le dessin correspondant à chaque couleur est sculpté en relief, et appliqué l’un après l’autre sur la même feuille. Ici, une erreur a été commise par le graveur (sur les plaques elles-mêmes) ou par l’imprimeur (lors de l’impression de la plaque).