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Estampes japonaises des Hautes-Alpes

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ADHA, Z La Mazelière, 1140/4

La 34e station du Tôkaidô, Yoshida. Hiroshige. 1833-1834. Série des Cinquante-trois Stations du Tōkaidō. Epoque d’Edo (1603-1868). Xylogravure sur papier (nishiki-e), 36 x 23,5 cm, format ōban yokoye. ADHA, Z La Mazelière, 1140/4

Cette estampe représente la ville de Yoshida, ou Yoshida-juku. On y voit une large rivière traversée par un pont, à moins qu’il ne s’agisse d’un bras de mer, Yoshida étant une ville portuaire. La ville s’étend de chaque côté du pont, traversé par les minuscules silhouettes des voyageurs. Au premier plan, trois ouvriers travaillent sur un échafaudage. Deux, accroupis, paraissent mystérieux sous leur large chapeau. Le troisième a grimpé sur l’échafaudage en bambou et semble regarder au loin, ou faire signe à quelqu’un, peut-être à l’un des deux bateaux dont la silhouette est rapidement esquissée.

Yoshida est la 34e station du Tōkaidō. Le Tōkaidō est la route créé en 1601 pour relier la capitale du shōgun, Edo, à la capitale impériale, Kyoto, ce qui en fait l'axe principal du Japon de l'époque d’Edo. Yoshida  a été fondée à la même date, et devient rapidement l’une des villes les plus importantes de cette route.

En 1832, Hiroshige emprunte pour la première fois la route du Tōkaidō et en tire plusieurs séries d’estampes, intitulées Les Cinquante-trois Stations du Tōkaidō. La plus célèbre des séries est l'édition Hōeidō, à laquelle appartient cette estampe. Ce n’est pas un hasard si elle a été acquise par un Occidental à la fin du XIXe siècle, le marquis de La Mazelière : cette série a été extrêmement appréciée au Japon (avec un tirage de plus de 10 000 exemplaires !), avant de devenir célèbre en Occident. Sa célébrité est comparable à la série d’Hokusai, les Trente-six Vues du mont Fuji.

Avec cette série, Hiroshige consacre ce nouveau thème majeur de l’ukiyo-e qu'est désormais l'estampe de paysage (fūkei-ga), avec en particulier la représentation de lieux célèbres (meisho). Même lorsqu’il représente une ville, les éléments naturels sont toujours présents chez Hiroshige : la montagne enveloppée d’une légère brume, l’espace incertain entre la rivière et la forêt de bambous... Au premier plan, on retrouve les silhouettes de pins, et à droite, un beau travail sur les feuilles, centaines de petites taches noires pointues. Les teintes sont douces et réduites : gris, brun et rosé. Les deux bleus plus ou moins soutenus rehaussent l’ensemble.

L’estampe est construite en grandes lignes horizontales, excepté l’échafaudage du premier plan, à droite. Il paraît très haut au-dessus de la rivière, pourtant, c’est à son niveau que se place l’œil du spectateur. Comme si, finalement, nous étions presque nous-mêmes en équilibre sur l’échafaudage de bambous.

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